Eugène CHRISTOPHE (1885-1970)
Premier maillot jaune du Tour de France.
Élie Christophe naît le 22 janvier 1885 à Paris, dans une petite maison du passage du Havre, près de la gare Saint-Lazare. Ses parents, François, originaire de Breteuil dans l'Oise, et Embroisine, originaire de Bonneville en Haute-Savoie, exercent la profession de concierge. Très vite, ils prennent l'habitude de l'appeler Eugène, son deuxième prénom à l'état civil. Eugène Christophe et son frère, d'un an son cadet, sont envoyés en nourrice à Souligné-sous-Ballon, un petit village de la Sarthe. Il revient vivre à Paris avec ses parents à l'âge de cinq ans alors que ces derniers s'installent dans un immeuble du quai de Béthune, sur l'île Saint-Louis. Il fréquente une école de la rue Saint-Louis-en-l'Île, obtient son certificat d'études puis est inscrit aux cours complémentaires.
Il entre en apprentissage chez un serrurier de la rue Chapon et se passionne alors pour le cyclisme en fréquentant la boutique d'un loueur de vélos située dans la même rue. Il met à profit ses économies, récoltées en faisant des courses ou des corvées pour les locataires de l'immeuble, pour louer un vélo chaque dimanche et se promener régulièrement avec ses amis du quartier. Ses parents lui offrent finalement un vélo afin de faciliter ses déplacements entre leur domicile et l'atelier du serrurier.
Son père meurt alors qu'Eugène Christophe est âgé de seize ans, obligeant sa mère à revenir à son ancien métier de cuisinière. La famille Christophe vit alors pauvrement. Il assiste en 1901 à sa première course cycliste professionnelle, Paris-Brest-Paris, en se rendant à Saint-Cloud avec un ami. L'année suivante, il dispute sa première course, un brevet de 100 km organisé par L'Auto qu'il parcourt en 4 h 38 au milieu de 600 participants puis se met à fréquenter le monde des courses cyclistes, endossant notamment le rôle d'entraîneur, c'est-à-dire de locomotive humaine pour des coureurs plus huppés. Alors qu'il réalise qu'il est parfois plus fort que le coureur qu'il doit protéger, il décide de passer des brevets de distances organisés par l'Union vélocipédique de France (UVF). Cette même année, il remporte un vélo de piste à l'occasion d'une tombola organisée dans le cadre du Salon du cycle au Grand Palais. Sur cette machine, il gagne sa première course, ce qui le décide à passer professionnel. Sans équipe et sans argent, il devient coureur professionnel de 4e catégorie, une classe ouverte aux coureurs de faible notoriété.