Cette photographie d’une « redoute et pavillon », malheureusement non précisément localisée, sont les rares témoignages photographiques (édités en carte postale au début du XXe siècle) des combats et des bombardements de Breteuil, il y a exactement 150 ans, en octobre 1870.
Après la prise de Clermont, le 27 septembre 1870, des compagnies prussiennes et saxonnes se dirigent vers le nord et prennent position en avant de Breteuil, au moulin Lentinus (moulin à vent situé sur la dernière colline entre Beauvoir et Breteuil). De là, ils ont une vue imprenable sur notre bourg et commencent à la bombarder au matin du 12 octobre. Breteuil est alors défendu par une unité de la garde nationale mobile de la Somme, composée d’environ 500 hommes et emmenée par le commandant Huré, mais ce sont également des habitants de Breteuil, mués en francs-tireurs, qui assurent la défense de la ville : parmi eux, sont mentionnés plusieurs artisans et commerçants, comme le serrurier Claude-Prétextat Picard, le bijoutier Auguste Pringuet ou le galochier Victor Paris.
Des escarmouches sont engagées dans la matinée du 12 octobre. Deux cordonniers de la rue de Beauvais et de la rue du Frayer, Lesourd et Nervet dit L’Africain, ripostent à la tentative d’incursion de cavaliers saxons en blessant deux d’entre eux. Un autre cordonnier, nommé Mouton, se distingue également lors de ces combats d’embuscade.
Malgré une résistance opiniâtre, la supériorité numérique écrasante de l’ennemi a tôt fait de réduire la défense des Brituliens. Dès l’après-midi du 12 octobre, le drapeau blanc est hissé sur l’église et les Prussiens prennent possession du bourg. Le bombardement avait occasionné quelques dégâts, comme le confirme la photographie. Le clocher de l’église reçoit quelques obus, un autre de ces obus tombe dans une classe du pensionnat des religieuses de Saint-Joseph-de-Cluny, en ne provoquant que des dommages matériels, et la maison du marchand de nouveautés Sellier-Guilluy, rue Grande, est gravement endommagée. Le bilan humain de cette journée de combats était la suivante : 12 blessés et une cinquantaine de prisonniers côté français, 13 tués du côté prussien, dont un sous-officier de uhlans.
Les Prussiens poursuivent leur marche en avant et Montdidier tombe à son tour le 17 octobre. Ils ne seront stoppés – temporairement mais vigoureusement – par les Français qu’aux portes d’Amiens. Ce seront les célèbres batailles d’Hébécourt et de Dury…