Nous commencerons l’histoire de cette maison en 1902 quand Alexandre Emile GUEUDET (1853-1924), artiste coiffeur parfumeur exerçant 33, rue Grande en ce lieu qui deviendra cette ‘maison Lesobre’, veuf de Julia Marie Antoinette GUEUDET (1856-1897), épouse à Breteuil le 5 mai 1902 Rose Hélène QUIDEÇON (1851-1934), exerçant un commerce de librairie et reliure également rue Grande à proximité mais en face du lieu de ladite ’maison Lesobre’, elle-même veuve de Cyr Henri LEFEVRE (1846- ?1898), libraire relieur. Ils décident d’acquérir la maison voisine du coiffeur GUEUDET, de démolir ces deux commerces et habitations pour édifier une maison bourgeoise dans le but d’y habiter pour y finir des jours heureux, marquant ainsi un tournant dans l’abandon des commerces en plein cœur de ville au profit d’un habitat ‘bourgeois’. Il faut savoir qu’auparavant, l’emprise de ce qu’est cette ‘maison Lesobre’ était constituée de deux commerces, eux-mêmes chacun issus de deux commerces (type ‘parapluie’, chapeau…) ! (Réf : Origine de la propriété dans les actes notariés)
Les travaux au 29, rue Grande, qui deviendra le 23, rue de la République en 1904, seront accomplis en 1903/1904 (mémoires de travaux archivés encore aujourd’hui dans la maison) ; façade en briques (briqueterie de Gannes, estampillées ‘LS’), réemploi d’une bonne partie de la charpente ancienne, toiture en ardoise de Lorraine et toit-terrasse en zinc, cour arrière avec dépendances (écurie, étable, pompe, cabinet d’aisance, etc…) débouchant dans l’actuelle rue Quétel ainsi que dans la ruelle Maiché.
La dénomination de ‘maison Lesobre’ est redevable à Rose Hélène QUIDEÇON, fille de Rose Célina LESOBRE (1830-1886) descendante des Lesobre de Vendeuil-Caply et par conséquent cousine de Auguste Hippolyte Eloi LESOBRE (1887-1967), alors propriétaire cultivateur et qui sera plus tard maire de Vendeuil-Caply (1934 à 1947) auquel elle cédera en 1923 sa maison en une sorte de viager pour le remercier de son assistance auprès de son mari Emile GUEUDET, alors atteint d’un mal foudroyant qui l’emportera en 1924. Cette cession étant rendue possible en raison d’une autorisation de vendre de la part de Marcelle Marie Edmée JUMEL née à Breteuil le 14 décembre 1894, petite-fille d’Emile GUEUDET et seule héritière putative de cette maison.
Au décès de Rose Hélène QUIDEÇON, Auguste Hippolyte Eloi LESOBRE, ayant déjà survécu à la guerre de 1914-18, quittera sa ferme de Vendeuil-Caply vers 1936 pour habiter sa maison avec son épouse Germaine Marguerite Julie DARRAS (1894-1968) afin d’y vivre une retraite paisible.
Survint la seconde guerre mondiale au cours de laquelle en mai 1940 Breteuil fut détruit (lire le récit de cette destruction par François Monnet sur ce site). Le cœur de ville de Breteuil est considérablement atteint mais il se trouve que la ‘maison Lesobre’ se voit miraculeusement épargnée. Protégée d’un côté par la maison Deberny qui se trouve gravement endommagée et de l’autre par la ruelle Maiché arrêtant le souffle des explosions, comme elle n’a pas été atteinte directement par un obus ni par l’incendie, elle se doit d’être quasi intacte, seul un volet se détachera à l’étage ! La maison accueillera quelques temps la pharmacie Charpentier, totalement détruite, le temps de retrouver un local provisoire afin d’exercer ce commerce indispensable durant cette période cruciale.
C’est ainsi qu’elle reste dans ce cœur de ville un précieux témoignage d’un passé très mouvementé. Encore dans son jus, elle reste l’habitat des descendants pour mériter sa dénomination de ‘maison Lesobre’. Y sont archivés un grand nombre de souvenirs sous diverses formes : meubles, objets, livres, écrits, tableaux… qui relatent l’histoire de cette famille ainsi que l’histoire locale britulienne et alentour.