C’est en 1931 que le négociant en grains Georges LIGER (1894 – 1959), originaire de Villers-Vicomte, fait construire en plein centre-ville de Breteuil un monumental silo en ciment armé destiné à moudre le blé et stocker les grains, la farine et les issues (en terme de minoterie, les issues sont les produits de la mouture des céréales, hormis la farine : son, recoupe, remoulage essentiellement destinés à l’alimentation animale). D’une contenance très conséquente de 4 800 quintaux, cette massive construction constitue un point remarquable du centre-ville rivalisant en ampleur avec l’ancienne église Saint-Jean-Baptiste toute proche. Sans nul doute, cette entreprise va générer dans ce lieu central un important trafic du aux entrées/sorties des produits !
Lors de la destruction de Breteuil du 27 au 31 mai 1940, le silo va être atteint, ne va pas s’écrouler mais brûlera durant plusieurs mois faute de ne pouvoir éteindre l’incendie (Cf. Le récit de François Monnet « Comment Breteuil fut détruit » sur ce site).
En reportant sur un extrait de plan cadastral d’avant-guerre ayant servi de support à un plan de reconstruction de Breteuil (Plan complet à la cote 1514W33 aux AD Oise) les angles de vue du silo résultant d’images (une vue du silo en état 1931, deux vues du silo après bombardement) où figurent des points remarquables tel que le clocher de l’ancienne église Saint-Jean-Baptiste, et autres encore identifiables aujourd’hui (maison Lesobre, commerce Deberny, banque Maistre), il est possible par triangulation de situer approximativement le silo aux abords de l’actuelle rue Quétel.
Mais pour développer son entreprise florissante à l’époque, Georges LIGER avec son fils André (1922 – 1999) aussi minotier successeur, va faire construire dès 1934 un nouveau moulin situé sur un vaste terrain rue de Montdidier (par conséquent beaucoup plus facile d’accès) auquel sera donné le nom de « Minoterie Sainte Thérèse » du prénom de la première épouse d’André (Cf. L’arbre généalogique LIGER en pièce jointe).
Cette nouvelle construction comporte un moulin d’une capacité de production de 100 à 120 quintaux par 24 heures et un silo de 1 800 quintaux en 5 cellules, une grande et quatre petites formant boisseaux à blé.
Le bâtiment comporte un rez-de-chaussée et quatre étages, d’une hauteur totale de 19m25. Nous signalons en particulier que tous les planchers, sans exception, sont en ciment armé, ainsi que l’ossature du bâtiment et le silo ; de cette façon, le bâtiment forme un monolithe complet d’une solidité parfaite et où les risques d’incendie sont réduits au minimum.
Au bâtiment moulin est adjointe une annexe au rez-de-chaussée, dans laquelle est prévue une trémie d’engrènement des blés d’une capacité totale de 60 quintaux. Cette trémie est accessible aux camions à benne basculante, qui peuvent y déverser directement les grains amenés en vrac.
Signalons enfin, que pour joindre l’utile à l’agréable, la terrasse du moulin, d’où l’on jouit d’une vue splendide sur la région, a été rendue accessible et aménagée pour la circulation. (La description de ce moulin est issue de la parution « L’art du ciment armé » de mai-juin 1934 accessible aux AD Oise à la cote 2BR1725)
L’exploitation de ce moulin s’est achevée en raison de la construction d’usine à blés plus moderne dans le quartier de la gare.
Quel dommage qu’il ne soit plus possible d’accéder à la terrasse pour admirer la vue sur Breteuil et ses environs !