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Septembre 2023 - C'est la rentrée... en 1907!

C'est la rentrée!

Silhouette familière – et combien originale - du paysage britulien depuis près de 150 ans, le grand bâtiment en brique, abritant aujourd’hui le groupe scolaire Hippolyte Bayard, domine toujours de son élévation impressionnante, et ce malgré les tourments subis par notre ville au XXe siècle, les toits de Breteuil et le paysage environnant.

 

Construit en 1878 (la date est inscrite au couronnement de son pignon, rue Adrien-Maître), le bâtiment, présentant quatre niveaux d’élévation et un sous-sol, avec un retour d’équerre vers la rue des Écoles, est édifié à l’initiative de l’institution des frères maristes, afin d’accueillir leur établissement d’enseignement et leur pensionnat, alors en pleine expansion. Créée en 1817 par le jeune séminariste lyonnais Marcellin Champagnat (1789-1840), cette congrégation a pour principale mission le développement de l’enseignement dans les territoires les plus défavorisés de notre pays. Très influencé par les frères des écoles chrétiennes, les frères maristes connaissent un grand rayonnement en France à partir du milieu du XIXe siècle.

Le bâtiment britulien, imposant vaisseau de brique doté de réminiscences de style néo-gothique (notamment ses tourelles, pinacles et clochetons crénelés d’angle), témoigne de l’essor de cette congrégation et de son essor à Breteuil, à la suite de son implantation dans notre commune, dès les années 1840. Il est très probablement construit par un éminent architecte et archéologue amiénois, Charles Pinsard (1819-1911), qui en a laissé deux belles vues perspectives dans ses célèbres albums conservés à la Bibliothèque municipale d’Amiens.

 

Faisant pendant à la Congrégation des sœurs de Saint-Joseph-de-Cluny, établies à Breteuil en 1825, grâce aux libéralités de la duchesse de Montmorency-Laval (morte en 1834), dernière vicomtesse de Breteuil, et dévolues à l’instruction des filles, les frères maristes se consacrent à l’enseignement des garçons. On relève ainsi, parmi les frères, quelques noms : Pierre Jarrix (né en 1826), en religion frère Léonce, mentionné en 1863 tout comme Joseph Religieux (né en 1833), en religion frère Gébrain, ou encore Pierre-Joseph Rimbaux (1828-1863), en religion frère Silvestre, natif de Vaulx-Vraucourt (Pas-de-Calais).

L’établissement connaît un vif succès dans les années 1880, comme en témoignent plusieurs photographies de groupes d’élèves.

 

Mais cette prospérité sera d’une relative courte durée. En effet, en 1903, la suppression de toutes les congrégations provoque la sécularisation de l’établissement et le départ des frères maristes. L’année suivante, la nouvelle municipalité élue avec à sa tête Adéodat Compère-Morel, se saisit du dossier et engage d’importantes transformations dans le bâtiment de la rue Adrien-Maître. Les travaux d’ampleur sont terminés en 1906, et, à la rentrée 1907, le nouveau groupe scolaire public y fonctionne normalement.

La vocation enseignante y est maintenue et renforcée avec l’installation, dans les différents niveaux, des écoles des filles (maternelle et élémentaire), et, au sous-sol, d’innovantes cantines scolaires, dont la création inédite et pionnière est l’œuvre de la municipalité. À l’étage supérieur, est établie une salle des fêtes municipale, première du genre à Breteuil et qui accueillera les manifestations les plus diverses, en particulier, une conférence publique donnée par un certain Jean Jaurès, en novembre 1913.

 

Sévèrement endommagé par les bombardements de 1940, mais cependant en grande partie épargné, l’édifice de brique est scrupuleusement restauré dans sa forme initiale au début des années 1950. Le groupe scolaire, restauré par les architectes Georges Noël (1907-1970) et Emile-Jean Audebert (1910- ?), est inauguré en 1954.

 

Aujourd’hui, le grand vaisseau de brique, réaménagé et modernisé, a conservé sa vocation primitive d’enseignement. Puisse l’avenir lui réserver d’accueillir encore de nombreuses générations d’élèves !