Que pouvait-on rêver de plus beau comme cadeau d’anniversaire, pour les 35 ans de la Société historique de Breteuil, qu’un site internet flambant neuf, aussi riche qu’attrayant et convivial ? C’est désormais chose faite, après plusieurs années d’un labeur et d’un travail de...
25 rue de la République
60 120 Breteuil
Tél : 03 44 80 14 49
Port. : 06 12 65 51 22
Contact email

1ère partie du 18 mai au 26 mai 1940

Le récit de François Monnet - 1ère partie

1ère partie

« Nous sommes au 18 mai. Des bombardements d’avions ont eu lieu à plusieurs reprises dans la région, sur les routes et les voies ferrées. La gare n’accepte plus ni voyageurs, ni marchandises. Les autocars ne fonctionnent plus. Mon ami Roger Lapresle et moi décidons d’envoyer nos femmes et nos filles dans le Centre. Les sachant à l’abri nous serons plus tranquilles. Nos fonctions, lui d’ingénieur dans une usine située à 3 kilomètres[1], moi d’adjoint au maire seront d’autant mieux remplies que nous serons sans souci pour le foyer familial.

[1] Il s’agit sans doute de la Société industrielle d’Esquennoy, fabriquant des articles d’éclairage.

« Nous commençâmes bien joyeusement mon ami et moi, notre vie de popote, sans nous douter, ce que nous apprîmes bien plus tard, que nos voyageuses étaient mitraillées et que leur train mit quatre heures pour faire quinze kilomètres avant d’arriver à Creil au commencement du bombardement de la gare qui dura plusieurs heures.

 « Pour nous le travail ne manquait pas. Roger organisait la défense passive à son usine et plusieurs fois par jour venait me voir en vélo. Le Centre d’accueil des réfugiés fonctionnait sans arrêt. Sur 300 kilomètres et plus, de la frontière belge à la Seine, le convoi des réfugiés courait la route. De puissantes voitures, des autos modestes, des camions, des bicyclettes, des voitures agricoles tirées au tracteur ou par des chevaux, des corbillards de village chargés de femmes et de gosses, des milliers de piétons poussant des brouettes ou des voitures d’enfant, en tenant des valises et des ballots hirsutes, tout cela avançait, lamentable troupeau qui ne finissait jamais. Mitraillés chaque jour, ces pauvres gens laissaient leurs morts sur un côté de la route et souvent les gardaient avec eux pour les enterrer à l’abri du soir. Ils nous confiaient leurs blessés qu’on dirigeait sur l’ambulance la plus proche. Tous, en passant, cherchaient à manger. Avec l’aide de réfugiés les boulangers cuisaient du pain vingt-quatre heures par jour et la queue était toujours considérable à leur porte. Le maire, M. Raoul Huchez[2], expédiait des voitures ramasser le pain qui restait chez les boulangers des villages voisins. L’Intendance envoyait des boules et des biscuits. Tout cela était cependant insuffisant et nombreux étaient ceux qui, n’ayant pas mangé depuis vingt-quatre heures, devaient poursuivre leurs routes les mains et le ventre vides. Le soir, le convoi s'arrêtait. Des milliers de personnes demandaient une chambre, un lit, de la paille. Tout ce qui était libre chez les habitants avait été mis à notre disposition. De la paille avait été placée dans les écoles, la mairie, les fermes, les maisons vides.

[2] Raoul Huchez (1873-1956), marchand quincaillier, était maire de Breteuil depuis 1929.

« Le 19, le convoi devient plus important encore. Aux Belges succédaient les Français des Ardennes et du Nord. Il fallut couper les boules de pain en dix et, le soir, plusieurs milliers de personnes couchèrent sur les places. Le 20 même affluence. Le général Frère[3] et son Etat-Major installés depuis plusieurs jours à l’Hôtel de France[4], nous rassurent sur la situation. Cependant des troupes qui se replient, d’autres qui montent provoquent de très longs arrêts au convoi. Des avions allemands lancent des bombes et tuent trois personnes rue Raoul-Levavasseur et plusieurs dans le convoi à quelques kilomètres du pays. Nous ramenons au cimetière dans un sac 2 à 3 kilos de chair ; c’est tout ce qui reste d’un jeune homme de 18 ans touché par une bombe sur la route d’Hardivillers. A 16 heures, un lieutenant-colonel vient trouver le maire pour l’informer que les auto-mitrailleuses allemandes sont à 20 kilomètres, avançant sur nous par la route Amiens-Paris. L’ordre d’évacuation est donné après entente avec la Préfecture de l’Oise et beaucoup de personnes quittent Breteuil.

[3] Le général Aubert Frère (1881-1944) commandait alors la VIIe armée et son état-major était installé à Breteuil depuis le 18 mai. Voir Alain Degny, « Le général Frère (1881-1944) », Bulletin d’informations de la Société historique de Breteuil, n°25, 2020.

[4] L’hôtel de France était situé sur la place à l’entrée de la rue de la République (emplacement de l’actuelle étude notariale). Selon d’autres sources, l’état-major du général Frère était établi dans un hôtel particulier de la rue de Paris, abritant précédemment les bureaux de l’étude du notaire Paul Jubault. Voir A. Degny, art. cit.

« Du 21 au 24, la période fut plus calme. Les réfugiés passaient toujours mais moins nombreux. Retardataires, malades, femmes en couches, vieillards, impotents. On soignait tout le monde, nos docteurs s’étant repliés, avec le seul remède que nous avions en quantité suffisante, un verre de rhum. L’activité de l’aviation était intense et les bombardements des environs très fréquents. L’artillerie donnait sans arrêt et les alertes se succédaient presque toutes les heures.

« Roger et moi, nous dormions peu. Un abri se trouvait près de notre maison et nous devions y faire rentrer toutes les personnes du quartier dès le signal d’alerte.

« Le 25 avant l’aube, un bruit bizarre d’avion me réveilla. Couchant tout habillé, je fus en quelques secondes dans la rue. Un avion très haut, lâchait une traînée de fumée. Quand il s’éloigna, il avait dessiné un vaste carré qui planait, immobile au-dessus du pays.

« J’appelai Roger qui examina le nuage et exprima sa pensée, semblable à la mienne, par ces mots : « Y a pas bon ».

« Nous ne nous étions pas trompés. A 7h 30 une formation de cinquante bombardiers était aperçue et à peine étions nous aux abris que les bombes tombaient sur la ville dans un épouvantable fracas.

« Dans l’abri, ceux qui étaient restés debout furent renversés et de suite une odeur infecte pénétra jusqu’au fond. Des femmes qui n’avaient pas de masques criaient qu’il y avait des gaz. Eugène Loyer[5] les calma. Il avait fait l’autre guerre dans l’artillerie, il était fossoyeur et pompier et, se fiant à son flair naturel, il émit l’idée que ce devait être autre chose. Quelques mètres parcourus dehors et l’impression de Loyer fut confirmée : une torpille tombée à 8 mètres de notre abri avait pénétré dans une fosse d’aisance. Il y en avait partout. Un « j’en étais sûr » de Loyer amena un rire qui se figea lorsque nous débouchâmes dans la rue : trois maisons sont en flammes, plusieurs traversées, défoncées de part en part ou éclatées et projetées dans les rues. Il faut agir et vite.

[5] Eugène Loyer (1897-1958) était couvreur et demeurait dans la rue Tassart, non loin du domicile de François Monnet. 

« A l’appel des pompiers répondent seulement un sous-lieutenant et sept hommes[6]. Ce sont ces huit braves et Roger, arrivé après de l’usine, qui pendant quinze jours assureront sans arrêt le service d’incendie.

 [6] Il s’agissait de Gaston Lequesne, sous -lieutenant, de René Lequesne, de Marc Lefebvre, Eugène Loyer, Gaston Sellier, Achille Sellier, Georges Stall et Lucien Sadaune (note de Jacques Lefebvre).

« En quelques minutes, la moto-pompe était en batterie. Dans un autre quartier les pompiers attaquaient l’école des garçons[7] avec l’eau du réservoir, mais la pression tombait rapidement, le courant électrique ne nous parvenant plus, l’alimentation du réservoir devenait impossible et notre belle école des garçons n’était plus qu’une torche.

 [7] L’école des garçons était alors située à l’angle de la rue des Écoles et de la rue d’Amiens.

« Au centre de la ville, l’eau était puisée dans un lavoir[8] et trois lances attaquaient rageusement l’incendie. D’autres foyers nous étaient signalés, mais celui-ci était le plus grave, car le vent poussait le feu vers le centre. Cependant on avait l’impression de gagner sur lui. Il était huit heures, une énorme fumée s’élevait dans le ciel, lorsque l’un d’entre nous aperçut une formation de bombardiers presque à la verticale. Coups de sifflets. Alerte, garez-vous. En quelques secondes la place du monument aux morts où je me trouvais était vide. J’eus à peine le temps de me coucher contre le socle, que les hurlements des bombes et leur détonation remplissaient l’air. Un éclat faisait sauter un coin du monument. Des débris, poutres, pierres, briques tombaient de tous côtés. Je me tâtais, pas de mal et je courus à la moto-pompe qui ne donnait plus. Le sous-lieutenant Lequesne[9], grand blessé de l’autre guerre[10] avait été projeté par le souffle contre un mur. Sa veste était traversée, mais il n’avait pas une égratignure. Roger était à genou se tâtant les côtes, étonné lui aussi d’être indemne. La pompe avait ses pneus crevés, le tablier défoncé par les éclats, les tuyaux étaient hachés sur cinquante mètres, les dévidoirs de tuyaux neufs étaient traversés en plusieurs endroits. Trois morts gisaient près de là sous un hangar. Un sérieux coup de rhum versé à plein quart, nous remit d’aplomb. Un rapide conseil avec le maire arrivé sur les lieux et qui venait d’un autre coin durement touché, nous fit décider de demander du secours à Beauvais.

[8] Celui de la rue de Fontaine, toujours existant.(Voir document du mois de Janvier 2021)

[9] Gaston Lequesne (1896-1974), charron de profession, était domicilié rue d’Amiens, et dirigea pendant de nombreuses années la compagnie des sapeurs-pompiers de Breteuil.

[10] Notamment à Verdun, où il avait été gazé.

« Pendant que Roger et les sept pompiers qui n’avaient pas quitté Breteuil réparaient la pompe endommagée par le bombardement, le feu avait pris une intensité considérable. Vingt maisons brûlaient rue de la République et vingt autres rue Raoul-Levavasseur. Je fus chargé de veiller avec un klackson d’auto au retour des bombardiers ennemis, le moteur de la pompe et le bruit de l’incendie empêchant les hommes d’entendre les avions. Ce ne fut pas long. La moto-pompe tournait à peine qu’une trentaine de bombardiers était en vue. Alerte les gars ! Quand les projectiles tombèrent, tout le monde était à l’abri. Des maisons sont encore touchées. Je vais à l’abri Brochet[11] qui renferme cent personnes et qui paraît avoir souffert. Il y a là surtout des femmes et des enfants ; aucun n’est blessé quoiqu’une bombe soit tombée sur l’abri. Je retourne à mon poste de guet. Déjà la [moto-pompe] est en marche ; le renfort de [Beauvais] arrive avec un puissant ma[tériel]. Malheureusement celui-ci n’avait pas été revu après la nuit qu’il vient de passer à Méru pour combattre un vaste incendie provoqué par l’explosion d’un train de munitions bombardé. Au premier essai la grosse pompe ne fonctionne pas. Une vérification montre qu’une bielle est coulée. Le commandant Garbet[12] de Beauvais demande la réserve qui arrive un peu plus tard.

[11] Il s’agit sans doute de l’abri souterrain, encore visible aujourd’hui, aménagé sous la pente de l’ancienne motte castrale, elle-même située dans la propriété, rue Tassart, de Paul Brochet (1869-1946), ancien maire de Breteuil de 1925 à 1929.

[12] Le commandant Pierre Garbet (1888-1957), issu d’une ancienne famille de Beauvais, effectua une brillante carrière dans le corps des sapeurs-pompiers de cette ville et y occupait le grade de lieutenant-colonel au moment de sa mort. Il se distingua particulièrement lors des bombardements et de l’incendie de Beauvais, en juin 1940.

« Le maire est toujours sur la brêche, il va d’un quartier à l’autre et sa présence rassure les habitants. C’est un homme de 67 ans, grand, maigre, avec une figure calme et souriante qui ne porte aucune trace d’émotion. Un chef. Il aime ce pays où il est né. En roulant une cigarette avec Roger, ces deux « Quatzarts » causent pistons et soupapes. Un pompier tombe d’un mur de cinq mètres, dans un égout ; on le retire avec une jambe brisée.

 « Les pompes marchent sans arrêt. A 16 heures, deux chasseurs allemands arrivent sur nous, au ras des maisons et mitraillent les rues. On voit les flammes sortir des mitrailleuses par l’avant et l’arrière, des balles incendiaires ricochent ; nous n’avons pas un fusil de chasse pour leur répondre.

 « Cependant rue de la République et rue de Fontaine, cinquante maisons sont la proie du feu, mais la part est faite, il n’ira pas plus loin. Rue Levavasseur et rue Adrien-Maître, 80 à 100 maisons brûlent et l’on ne peut s’approcher. A 21 heures, les hommes sont à bout. Roger remplit le réservoir d’essence et va faire cuire la soupe pour les pompiers de Beauvais. Dans le courant de la journée on avait enlevé les marchandises de quelques magasins dont les toits étaient en flammes ; le lendemain tout était pillé.

 « Les secours de Beauvais doivent rentrer pour assurer le service de nuit. On trinque, on remercie vivement le commandant Garbet et ses hommes. A 23 h., nous allons Roger et moi faire une ronde en ville. Des bombes sont tombées partout. La très vaste école des filles, magnifique construction, est très endommagée[13]. A la gendarmerie, le chef Gallet[14] a eu le bras traversé. De nombreuses chutes près de la gare autour d’un gros moulin qui a été manqué, sur une usine de meubles qui flambe. Vingt-six sont tombées sur une pâture, seule une vache a été tuée. Un soldat télégraphiste est tué près de sa voiture. Les écoles libres[15] sont anéanties. On rentre pour faire du café aux pompiers de Breteuil trempés jusqu’aux os. On se quitte à 1 heure du matin ; à 3 heures, les pompiers nous réveillent. Les balles incendiaires ont rempli leur but. Le feu stoppé rue de la République vient d’éclater dans deux maisons et gagne des deux côtés. Notre réserve d’essence nous a été volée pendant la nuit. J’en demande par téléphone à la Préfecture ; un particulier nous ayant donné sa provision, nous nous remettons en batterie.

[13] Il s’agit du grand bâtiment en briques, rue Adrien-Maître, construit en 1878 pour accueillir le pensionnat des frères maristes, et laïcisé en 1906.

[14] Martin Gallet (1887- ?), né à Lisbourg (Pas-de-Calais), maréchal des logis de gendarmerie, dirigeait la brigade de gendarmerie de Breteuil depuis 1931.

[15] Il s’agit sans doute du bâtiment situé rue Adrien-Maître, et qui jouxtait le grand bâtiment de l’école des filles. 

« Cette journée du 26 mai fut la plus dure pour Breteuil, l’eau qu’on envoyait sur les brasiers ne servant plus à rien. Un vent violent souffle. On augmente la pression ; les tuyaux crèvent. Toutes les épiceries, les bureaux de tabac, les hôtels, les garages, les pharmacies, les boucheries, les écoles, les bureaux d’administration, les magasins de nouveauté, achèvent de brûler s’ils n’ont pas été déjà détruits.

 « A 10 heures, notre vieille Eglise du 12e siècle[16] est en feu. Les murs portaient les traces de 1918, de 1870, des guerres de l’Empire et des guerres de religion. Notre jet ne peut monter à 40 mètres de haut. Les dents serrées, on regarde brûler. A 10h.50, l’horloge s’arrête ; à 11h30, le clocher tourne et verse. Le curé doyen a bravement réussi à sauver les vases précieux. Je tente, mais sans succès, d’enlever les reliques de Saint Constantien[17] ; toute ma vie je me reprocherai d’y avoir pensé trop tard. A 13 heures, les murs s’effondrent à leur tour.

[16] L’église Saint-Jean-Baptiste, à deux nefs parallèles, avait été en grande partie reconstruite au XVIe siècle, mais conservait encore quelques parties du XIIIe siècle.

[17] Les reliques de ce saint manceau du VIe siècle, conservées et vénérées dans l’ancienne abbaye bénédictine Notre-Dame depuis le XIesiècle, avaient été transférées en l’église paroissiale en 1808.

« La mairie[18] est menacée. Nous en transportons les archives (état civil, cadastre, etc.), et les machines dans la cave de la maison de M. Huchez, le maire, qui ne semble pas menacée[19]. Une heure après elle est en feu.

[18] L’hôtel de ville, construit à la fin des années 1820, sur la place à l’entrée de la rue de la République (actuel salon de coiffure) était de facture néo-classique.

[19] La quincaillerie Huchez, située dans un bel immeuble du XVIIIesiècle, à l’entrée de la rue de Paris (emplacement de l’actuelle trésorerie), fut malheureusement elle aussi consumée par les bombes et les flammes.

« Je regarde son propriétaire. Il donne ses ordres calmement. Il m’assure que les pièces de la mairie ne brûleront pas. Il voit sans émotion apparente, s’effondrer la maison où il est né, où ses parents ont vécu et sont morts[20]. C’était une très vieille et solide maison, ancienne demeure des maîtres de poste du temps des diligences[21], qui avait été transformée en quincaillerie et en dépôt important de matériaux[22]. Les flammes montent à plus de cent mètres. En face, un magasin d’articles de chasse brûle[23]. Il y a des explosions sans arrêt. Toute lutte est impossible, nos tuyaux ne peuvent aller si loin. Aidés par les pompiers, nous faisons enlever quelques marchandises que l’on distribue aux habitants.

[20] Raoul Huchez était le fils d’Eugène Florentin Huchez (1847-1898), marchand de fers, bois, charbons et quincaillier, établi d’abord rue Grande, en 1873, puis rue de Paris. Eugène-Florentin avait épousé Marie-Clorinde-Zaïre Thièble (1853- ?).  

[21] Si, très vraisemblablement, cet immeuble de la rue de Paris fut la résidence de plusieurs maîtres de poste, notamment les Levavasseur, la poste aux chevaux proprement dite se trouvait non loin de là, sur la place du Marché-au-Blé, à proximité de l’emplacement de l’ancien hôtel de ville. 

[22] Après la destruction du magasin Huchez, le fonds de commerce de quincaillerie fut repris dans les années 1950 par Robert Blanquart, qui reconstruisit la quincaillerie et entreprise de chauffage à l’angle de la rue de Paris et de la rue Raoul-Huchez, ouverte en 1950. 

[23] Il s’agit peut-être du magasin exploité par le mécanicien automobile Théodule Minard (1888-1981). 

« A 22 heures le soir, c’est un spectacle inoubliable. Tout le centre de Breteuil brûle et on ne peut plus rien faire. On est assis sur le trottoir et on regarde comme des idiots trois cents maisons qui se consument. Avons-nous mangé ? Je ne pense pas. Avons-nous bu ? Peut-être. Quoi ? Je n’en sais rien. D’une bouteille envoyée par un camarade on a tiré quelques gorgées, puis on l’a passée à un autre. Nous sommes noirs, déchirés, moulus, on bourre une pipe, c’est tout ce que l’on peut faire.

 

Suite dans la 2ème partie