« En juillet 1940, j’avais fait paraître dans un journal de « Zone Libre » le récit de la destruction de Breteuil. A cette époque, on pouvait encore causer et écrire de l’autre côté de la barrière. Pour une raison que j’indiquerai dans ma conclusion, j’ai demandé au Progrès de l’Oise de vouloir bien à nouveau reproduire ces lignes établies sur des notes prises durant les dures journées de mai et juin 1940.
« Ce récit a paru dans L’Abeille de Bugey et du Pays de Gex, les 28 juillet, 4, 11 et 18 août 1940. Il était présenté ainsi :
« « LE MARTYRE DE LA FRANCE. – L’Abeille vient de recevoir la visite d’un enfant de Nantua que sa destinée avait fixé dans une petite ville du Nord de la France. Très simplement, il lui a remis le récit qu’on lira plus loin et qui résume les souffrances qu’ont endurées tant de nos concitoyens durant les deux derniers mois de cette guerre.
« « Il faut les lire et les méditer pour comprendre à quel sort ont échappé nos régions privilégiées (1) , pour s’apitoyer sur les malheureux civils qui ont eu plus de morts et de privations que l’armée, il faut les lire surtout pour admirer le cran des Français qui ont supporté toutes leurs épreuves en gardant leur sang-froid, en s’efforçant d’améliorer les misères de leurs semblables.
(1) NANTUA, centre important de Maquis, devait perdre, en 1944-1945, plus de 130 habitants tués à l’ennemi, fusillés ou morts en déportation, note de François Monnet
« Après avoir flétri, dans ces colonnes, le triste rôle des bobardiers, des paniquards et des égoïstes, comme nous sommes heureux de rendre un hommage mérité à ceux qui restèrent à leur poste pour remplir jusqu’au bout leur devoir ».
« L’histoire que je vais conter et qui s’est passée en mai-juin 1940 est celle du martyre de Breteuil, petite ville du nord de la France. Bien d’autres villes et villages subirent, hélas, le même sort. La plupart déjà, mutilés au cours de la Grande Guerre, s’étaient rapidement relevés. D’Artois, de Picardie et de l’Ile-de-France, pointaient vers le ciel les cheminées d’usine et les flèches des Églises, toutes ces bourgades exprimaient la joie de revivre dans un paisible labeur. La guerre est encore revenue et les cloches et les machines gisent à terre dans le même épouvantable fouillis. Quelques jours suffirent au carnage.
Retrouvez dans la suite en 2 parties la transcription intégrale du poignant récit de François MONNET publié en plusieurs livraisons dans 'Le Progrès de l'Oise' en juin-juillet 1949 avec des notes explicatives complémentaires ponctuant le fil du récit et illustré de photographies issues des collections de la Société historique de Breteuil.