2ème partie
« Lundi 27 mai, je dors 2 heures et à 3 heures ½ je suis dans la rue. Il fait clair déjà. Devant la mairie, je vois un homme debout qui me tourne le dos et qui regarde en face de lui ce qui reste de sa maison. Brûlé aux jambes comme Roger du reste, qui lui, plus profondément, en conservera toute sa vie les traces, j’ai mes pieds enflés et j’ai mis des savates. Je m’approche doucement. C’est le maire. L’homme est là tout seul, il pleure. Il sait que personne ne le voit et son cœur saigne au souvenir de tant de travail, tant d’efforts anéantis. Je suis ému aussi, il se retourne, me reconnaît et me serre longuement les mains.
« Nous devions faire le même geste quelques jours plus tard.
« Tous les jours, du 27 au 31 mai, il faut éteindre de nouveaux foyers d’incendie. Un silo de 5000 quintaux brûle au milieu de la ville sans qu’on parvienne à l’éteindre (2) [24]. Le Préfet de l’Oise vient souvent nous apporter le réconfort de sa présence. C’est un chic type le Préfet de l’Oise, M. Vaquier[25]. Il va serrer la main des hommes, les encourage ; ça fait plaisir. M. Miellet, président à la Chambre de la Commission de l’Armée[26], vient se rendre compte de notre lamentable situation. Ce grand mutilé[27] marche très difficilement, il veut tout voir cependant et le lendemain de sa visite, nous recevons un camion de vivres du Secours National et un de boules de l’Intendance. Plusieurs familles sont rentrées, il y a environ 700 personnes en ville et tout le monde a faim. Des ouvriers qui binaient les betteraves n’osent plus retourner dans les champs où ils sont mitraillés dans l’aviation allemande.
(2) Cet incendie durera plusieurs mois (Note de François Monnet).
[24] Ce silo à grain, appartenant au minotier Georges Liger (1894-1959), avait été construit en béton armé en pleine ville, rue Quétel. Il apparaît sur de nombreuses photographies du centre-ville en ruines.
[25] Paul Vacquier (1881- ?), qui avait notamment été sous-préfet de Clermont en 1917-1918, avant d’être nommé préfet de la Nièvre puis des Côtes-du-Nord, venait d’être nommé préfet de l’Oise par intérim le 22 mai 1940, au début de l’offensive allemande, avant d’être confirmé à ce poste en septembre de la même année. Il le demeura jusqu’en octobre 1942.
[26] Le radical-socialiste Edmond Miellet (1880-1953) était député du Territoire-de-Belfort depuis 1919. Il avait été ministre des Pensions en 1932-1933.
[27] De la Première Guerre mondiale.
« Le canon semble se rapprocher. Tous les soirs, des artilleurs en batterie près de la ville viennent nous voir. On partage avec eux ce qu’on a ; en échange ils nous apportent des casques enlevés à leurs camarades tués. Par les temps qui courent, c’est plus pratique qu’un béret.
« Le 2 juin, je file à Paris chercher des raccords pour la moto-pompe. J’ai une autorisation spéciale de circuler qui du reste ne me sert à rien. Il y a une drôle de bagarre d’avions dans le ciel et la route est libre ; à Paris il n’y a pas foule dans les rues, je traverse la place de l’Étoile absolument vide. Néanmoins, je trouve ce que je cherche et je fais les 100 kilomètres du retour en une heure ¼.
« Les 4, 5 et 6 juin, la bataille aérienne prend de l’ampleur. Des avions sont abattus dans la région et les villes voisines sont comme nous très éprouvées. Les nouvelles sont mauvaises. Les derniers villages de la Somme en avant de nous évacuent. Les allemands attaquent au Nord et à l’Est de Breteuil. On songe à bien des choses, on se fait, d’un air indifférent, quelques recommandations : « Dis donc vieux… s’il m’arrivait quelque chose ! … » et l’on trinque.
« Le 7, la matinée avait été calme. Des troupes, peu nombreuses, avaient traversé la ville, se repliant. A 13 heures, Roger me quitte pour rejoindre son usine occupée par une Compagnie de Tirailleurs Sénégalais qui en préparent la défense. A 13 h. 30, les bombardiers sont sur Breteuil. Ils emploient de très grosses torpilles pour faire sauter les maisons encore debout afin que leurs décombres barrent les rues à la retraite française qui s’accentue. Une torpille tombe près de l’abri et dans la fosse d’égoût, au même endroit que le 25 mai, mais les mauvaises odeurs ne nous inquiètent plus. Des murs se sont écroulés un peu partout ; avec le sergent Gaston Sellier[28] nous essayons de nous déblayer un passage, lorsqu’une nouvelle formation arrive plus importante encore et pulvérise les ruines. De nombreux incendies éclatent. L’air saturé de cendres nous brûle la gorge. Cependant, admirables d’abnégation, les pompiers se remettent en batterie. Braves gens ! Je vais à la recherche du maire pour lui expliquer comment nous nous trouvons impuissants devant la multiplicité et la puissance des sinistres (3). « Faites l’impossible jusqu’au bout », me répondit-il simplement.
(3) Note de François Monnet : « Au cours des onze bombardements du 7 juin, la ville et ses abords recevront plus de mille bombes (Enquête de la gendarmerie) ».
[28] Gaston Sellier était sergent dans la compagnie des sapeurs-pompiers de Breteuil.
« Les fumées de l’incendie montent tout droit, puis forment un large champignon qui couvre le ciel. A peine ai-je quitté le maire qu’une rafale éclate près de moi, me remplit les oreilles, me roule à terre. Je me tate, encore rien, allons ça va. Dans les rues règne une confusion extrême. Deux maisons se sont effondrées au carrefour de la rue de Beauvais, bloquant la route à un long convoi d’artillerie qui retraite. J’indique à un officier un chemin détourné et je me place à la bifurcation. Bonjour l’agent, me crie un loustic, on se croirait rue Saint-Denis. Je dois avouer qu’il y a quelques jours que je ne me suis rasé.
« Des habitants passent affolés, réclamant des médicaments pour des blessés. Je vais leur donner la dernière boîte qui en reste à la mairie, quand le chef de brigade m’appelle. Le maire est très gravement blessé ; la personne avec qui il causait, lorsque je l’ai quitté, est tuée. Il est à l’autre bout de la ville et je cours comme un fou. Il a trois éclats dans le dos, un au pied. Il me reconnaît, me serre la main ; je vais chercher une voiture pour le faire évacuer.
« Au château[29] où se trouvait du Génie et du Train, il n’y a plus que deux soldats qui chargent leur voiture pour partir tout de suite. Je connais l’un d’eux : c’est Taconnet, de Bonneuil. Dès que je lui nomme M. Huchez, il me promet de l’évacuer. Un quart d’heure plus tard il arrive avec une grande voiture et un matelas. Je prends le maire à bras le corps et je le place couché sur le côté non atteint. Il y a encore des bombardiers dans l’air. Le maire me demande de sauver, s’il se peut, sa voiture, dont il me remet les clés. Les larmes aux yeux je me penche pour embrasser cet honnête homme, ce brave homme, cet homme brave. Il me serre contre lui…Je ne l’ai jamais revu[30].
[29] Il s’agit en fait de l’ancienne abbaye bénédictine Notre-Dame de Breteuil, transformée en château au XIXe siècle.
[30] N’oublions pas que François Monnet écrit ce récit pendant l’été 1940, époque à laquelle il n’avait pas encore revu Raoul Huchez qui, rétabli de ces blessures, devait réintégrer son poste de maire quelques mois plus tard.
« Chaque jour depuis le 26 mai il avait assuré, souvent dans des conditions impossibles, le ravitaillement de la population ; même le jour où brûla sa maison, il assista à la distribution des vivres aux 700 habitants encore présents. Calme et tranquille, il n’avait aucun souci du danger. Je ne puis croire encore qu’il ait succombé à ses blessures, comme on me l’a dit depuis à deux reprises[31]. On peut évacuer d’autres blessés, malgré de nouveaux bombardements. Un enfant, le bras en sang, se serre contre sa mère en larmes ; une femme blessée à la tête qui console son mari, qui l’emporte…
[31] Illustration des multiples rumeurs et bruits infondés qui circulaient alors dans ce pays en ruines…
« La situation devenait critique. Plus de communications téléphoniques possibles avec la Préfecture ou l’Armée. Tout autour de nous, les villages brûlaient et sur les convois de civils les bombardiers tiraient sans cesse. C’est alors que le chef de brigade et moi établirent un rapport rapide pour mettre le Préfet au courant de notre situation, rapport que Roger emporta à Beauvais dans la voiture du maire.
« Je vais serrer la main au Receveur des Postes, M. Ménard. Tout son personnel féminin est à son poste. Magnifique exemple ! L’hôtel des Postes, épargné jusque là, sera détruit une ½ heure plus tard[32].
[32] Situé à peu près sur son emplacement actuel, il avait été construit au début des années 1930. Il sera rebâti en 1953 par les architectes Albert Lemaître et Anthony Béchu.
« Mais à peine ai-je quitté M. Ménard qu’un nouveau bombardement m’oblige de me coller à terre près de la moto-pompe et à côté d’un tuyau percé. Je me relève la bouche pleine de boue que je crache sans arrêt. Loyer passe en courant. « Hé l’ami, donnes-moi quelque chose à boire ». « Je vais te trouver çà, mon fils, bouges pas », et une minute après Loyer apporte une bouteille de champagne. Comme gargarisme, je n’ai pas à me plaindre. Un lieutenant surveillant le passage d’un convoi d’artillerie s’arrête près de moi. Je lui offre mon quart. Il a plus soif que moi et paraît très fatigué. Il me demande où se trouve le bois Calmont. « Mais à 3 kilomètres au sud, dans cette direction. Mais, mon lieutenant, sans indiscrétion, pourquoi me demandez-vous cela ? ». « Nous avons reçu l’ordre de nous replier et d’y établir nos batteries ». Parfait. Roger m’a signalé tout à l’heure que du 77 tombait à Esquennoy, près de son usine ; de l’autre côté l’artillerie française va répondre. Nous allons nous trouver entre deux feux.
« J’en étais là de mes réflexions quand soudain une vague considérable de bombardiers apparut au-dessus de nous. Ce fut tout de suite infernal. Le sol parut soulevé dans une convulsion atroce ; les femmes hurlaient sous la pluie des bombes en courant aux abris. Quand l’ennemi s’éloigna j’allais avec les pompiers voir les nouveaux dégâts. Des maisons étaient renversées, deux mètres de briques recouvraient notre pauvre moto-pompe qui avait reçu un coup direct et comme placé à la main. La maison de Roger est coupée en deux. Mes affaires, qui s’y trouvaient, sont volatilisées ; un petit chien râle sur la place, le ventre ouvert.
« Dix rues sont en feu. Des gens enterrés dans les caves, demandent du secours. On s’efforce de les dégager. Une grosse torpille a creusé un entonnoir de 10 mètres de rayon et rompu la canalisation de départ du réservoir que le fontainier Marc Lefèvre[33] avait réussi à remplir en remplaçant aux pompes[34] les moteurs électriques inutilisables faute de courant, par un fort moteur à essence.
[33] Ajusteur de profession, Marc Lefebvre (1900-1980) fut ensuite employé municipal et fontainier de la Ville de Breteuil entre les années 1930 et 1964, ce qui lui valut le surnom familier de « Marc des eaux ». Il faisait également partie de la compagnie des sapeurs-pompiers et fut l’un des derniers à quitter Breteuil en flammes où l’incendie était devenu incontrôlable par suite de la rupture des canalisations et du manque d’eau.
[34] Situées à la sortie de Breteuil, sur la route de Beauvais.
« Ce brave Lefèvre qui depuis 15 jours m’a rendu de précieux services, vient me signaler qu’un groupe important de maisons, dont la sienne, est en feu rue de Beauvais[35]. Il me demande si je puis l’aider. D’un geste, je lui montre la pompe broyée, les tuyaux arrachés, les lances taries, les maisons renversées. « Mon pauvre vieux », c’est tout ce que je trouve à lui dire.
[35] La maison de Marc Lefebvre, et les maisons voisines, étaient situées sur l’actuel emplacement du carrefour de la route de Paris et de la rue de Beauvais.
« Tous nos moyens de lutte contre l’incendie nous sont enlevés. On a tout de même tenu jusqu’au bout.
« Je savais que je n’avais pas le droit d’ordonner l’évacuation de la ville sans l’autorisation Préfectorale, mais j’étais coupé avec elle et laisser des femmes, des enfants, des vieillards, dans cet enfer, c’était les vouer à la mort (4). Je parcourus les abris pour donner l’ordre d’évacuation, promettant de faire l’impossible pour trouver des voitures pour les enfants et les vieillards. Sans un mot, les habitants mirent en ballot ce qui leur restait – quand il leur restait quelque chose ! – et s’éloignèrent à pied, à bicyclette, en poussant une voiture d’enfant, et les privilégiés entassés dans des autos sorties je ne sais d’où.
(4) Il y avait à ce moment 510 maisons brûlées et 150 très endommagées sur 800 (Note de François Monnet).
« Dans un garage défoncé, je trouvai ma voiture indemne ; mais comment la sortir de la rue obstruée où l’incendie fait rage.
« Le chef de brigade me donne un excellent conseil : me mettre à dégager un côté de la rue en y employant le temps nécessaire. Lui s’occupant de chercher comment je pourrais ensuite quitter la ville, toutes les rues semblant bouchées. Deux heures plus tard, je pus me frayer un passage et après avoir pris le chemin du Marais, je reçus l’hospitalité de la gendarmerie, située en dehors de la ville[36], où malgré l’inquiétude dans laquelle me tenait l’absence de Roger, je mangeai comme un loup.
[36] Rue de Montdidier, où elle se trouve toujours.
« Brave Roger, je ne connus ses misères que longtemps après : mitraillé sur la route, il dut abandonner la voiture du maire, immobilisée ; par une voiture d’ambulance, il put atteindre Beauvais, voir le Préfet ; mais au retour une patrouille l’arrêta, l’accusa d’espionnage ; il n’obtint qu’à grand peine la faveur d’être reconduit auprès du Préfet, qui le fit relâcher. Rentré dans la nuit à Breteuil en s’accrochant à des voitures militaires, il ne trouva ni ma voiture, ni le mot que j’avais laissé à la porte ; il repartit de suite et après de multiples aventures il parvint à Rugles où son usine s’était repliée.
« Cependant la nuit était venue, si belle qu’on aurait pu, en tournant le dos au brasier formé par la ville, oublier l’abominable cause de sa dévastation. Ne pouvant m’assoupir, j’allai errer dans Breteuil la martyre. A part quelques morts dans les rues, je me croyais bien seul en mon funèbre pèlerinage, quand un coup de feu éclata. Une balle siffla à mes oreilles ; des pillards, surpris dans leur vilain travail, s’étaient affolés à mon approche.
« A l’aube du 8 juin, un sous-officier entrait à la gendarmerie pour nous avertir que les Allemands avançaient sur la route de Folleville. Toute la population et les blessés étant évacués, nous pouvions partir. Je revois M. Ménard, le receveur des Postes, s’éloignant à pied, poussant devant lui une voiture de Caiffa contenant ses valeurs.
« Les gendarmes allèrent jusqu’à Saint-Just-en-Chaussée, à 18 kilomètres, où ils furent faits prisonniers. Je réussis à atteindre Beauvais. J’étais noir, hirsute, repoussant, en guenilles, avec des espadrilles éculées et la figure dévorée par une barbe luxuriante. Pourtant le Préfet me reconnut de suite, m’adressa quelques paroles affectueuses, m’annonça qu’il venait à l’instant de recevoir un coup de téléphone du Ministre de l’Intérieur, M. Georges Mandel[37], l’avisant que M. Huchez avait la Croix[38] ; puis, après m’avoir offert une cigarette, il me donna l’ordre de quitter Beauvais qui devait du reste dans la journée subir un effroyable bombardement.
[37] Ministre de l’Intérieur du dernier gouvernement de la IIIe République, celui de Paul Reynaud, Georges Mandel (1885-1944) s’opposa résolument au régime de Vichy et fut assassiné par la Milice.
[38] De la Légion d’honneur.
« Vingt kilomètres plus loin je dus m’arrêter. J’étais à bout, j’urinai du sang. Puis dans le fossé où je m’étais écroulé, je dormis comme une brute…
« J’ai confié à Nantua, ma ville natale, le coussin aux armes de Breteuil où est épinglé la Croix de Guerre qui lui a été décernée par son courage au cours de la grande guerre[39]. Je demande à Nantua de garder ce souvenir que j’ai pu sauver jusqu’au jour que je souhaite proche où ses ruines relevées, Breteuil recevra la Croix 1939-1940.
[39] Cette croix de guerre avait été remise officiellement à la ville de Breteuil le même jour que l’inauguration du monument aux morts, le 23 octobre 1921. Une deuxième croix de guerre sera remise à notre cité, en mai 1950, pour son martyre subi en 1940,
« Je souhaite encore que ce modeste, mais véridique récit, tombe sous les yeux d’une généreuse cité de France ou d’ailleurs qui veuille adopter une bourgade martyre. Je sais que la première pierre dressée, que la première rue recréée rappelleront l’héroïsme d’un maire intègre et sans peur : Raoul Huchez.
« François Monnet
« FIN
« Ce récit a été écrit au commencement de juillet 1940 et peu après nous apprenions que la nouvelle de la mort de M. Huchez était inexacte. Un homonyme qui se trouvait aussi à l’ambulance de Beauvais étant décédé, avait été la cause bien involontaire de cette confusion. Le maire de Breteuil, dirigé ensuite sur Paris, y avait subi une très dangereuse opération : Extraction d’éclats contre la colonne vertébrale. Mais d’autre part la Croix accordée par M. Mandel n’avait pas figuré au Journal Officiel, dont la parution avait été suspendue en raison du repli du Gouvernement à Bordeaux. Ensuite Vichy n’avait montré aucun empressement à ratifier une promesse de M. Mandel…
« Les événements et les hommes ont voulu que j’occupe actuellement[40]le poste que M. Huchez avait si bien rempli[41]. A plusieurs reprises, je suis intervenu auprès de M. le Conseiller général, MM. les Parlementaires, M. le Préfet de l’Oise, pour que le Gouvernement accorde enfin une Croix qui, comme me l’a écrit au commencement de cette année[42], M. le Préfet Vacquier, « irait au vrai mérite » et il ajoute : « Il ne s’agit pas là d’une récompense politique, mais d’un hommage à rendre au patriotisme et à l’abnégation ». Mais rien ne vient.
[40] En 1949, date de publication de ce texte dans Le Progrès de l’Oise.
[41] François Monnet fut élu maire de Breteuil aux élections de 1947.
[42] 1949.
« M. Huchez a maintenant 77 ans. Ingénieur des Arts et Métiers, conseiller municipal avant la guerre de 1914, ancien combattant, maire de Breteuil dès son retour du front, il pansa les dégâts causés par la grande guerre à cette ville déjà durement touchée. Il ne se représenta pas en 1945.
« M. le Préfet de l’Oise nous a adressé, il y a quelques mois, avec un mot affectueux, la Croix de Guerre 39-45 avec étoile de vermeil, décernée par le Gouvernement à la Ville de Breteuil. Tristement je suis allé l’épingler sur le coussin aux armes de la ville, à côté de celle de 14-18, en pensant à ceux de mes compatriotes tombés dans la dernière tourmente et en espérant que la cérémonie officielle comporterait aussi la récompense à son ancien maire.
« M. Huchez n’a jamais rien demandé, n’a jamais fait la moindre démarche. J’ai pensé qu’il était de mon devoir de publier ce récit, vieux déjà de plus de neuf années.
« Il intéressera, je l’espère, beaucoup de mes compatriotes qui l’ignorent. Il servira à l’histoire de cette petite ville mutilée à qui j’apporte mon modeste dévouement à sa renaissance. Je souhaite aussi qu’il soit considéré comme un affectueux hommage rendu à un bon français.
François Monnet »